Devinette : qu’est-ce qui a huit bras, plusieurs cerveaux et une longue espérance de vie ? Une pieuvre ? Oui, mais pas n’importe laquelle. Nous vous en parlions il y a un an, autour de la diffusion du 600e épisode : le Projet Pieuvre a désormais franchi le cap étourdissant des 1 000 « instants », ces vidéos tournés en plan fixe et publiés quotidiennement depuis deux ans et demi sur Instagram.

1 000 jours pour 1 000 fragments de vie, prêts à fasciner les followers de la websérie pendant une minute avant de les laisser vaquer à leur scrolling habituel. 1 000 minutes et « c’est tout » ? À l’écran peut-être, mais certainement pas si l’on compte l’écriture, les tournages, le montage et la traduction des instants ou encore les nombreuses réunions d’une équipe entièrement bénévole, depuis le showrunner Arthur Vauthier jusqu’aux comédien·nes.
Une mécanique bien huilée, qui peut compter sur une narration innovante et sur un sens aigu de l’à-propos. Car si le projet continue de séduire, c’est qu’il tient son engagement initial, des plus ambitieux : semer le trouble en mêlant fiction et réalité, de façon à questionner au passage notre rapport à la vie telle qu’elle se met en scène sur les réseaux sociaux.
Depuis un an, les personnages ont appris à vivre, comme leurs fans, sous l’ombre de la pandémie de Covid-19. Aussi retors soit-il, le virus n’est pas venu à bout du coriace céphalopode. Une personne contaminée dans l’équipe, un nouveau confinement, une interdiction de se réunir à plus de six personnes en extérieur ? Qu’à cela ne tienne, l’équipe se concerte, repousse, remodèle sans coup férir et surmonte l’obstacle.

Mais comment se réinventer après bientôt trois ans de destins entremêlés, décrivant des trajectoires pensées pour nous être familières ? En n’arrêtant jamais de se remettre en question, seul moyen de conserver l’adhésion d’une communauté désormais soudée autour de personnages attachants, voire de séduire d’autres publics.
Fidèle à ce principe de fluidité et d’adaptabilité, la série a fait ses premiers pas sur TikTok, en miroir avec le personnage d’Anthony, plus jeune que ses acolytes à tentacules et rejeté du foyer familial à cause de son homosexualité. Malheureusement, la censure s’avère plus féroce encore sur cette plateforme que sur Instagram et le compte de Pieuvre a déjà disparu de l’appli de partage de vidéos.

Sur la forme aussi, quelques mutations sont à l’œuvre. Enrichi depuis peu d’un nouveau format quotidien, baptisé « instant vertical », le projet s’octroie 30 secondes quotidiennes de plus pour faire pleurer, rêver ou rire un public chaque jour un peu plus nombreux. Immortelle, la pieuvre ? Ce qui est sûr, c’est que ses tentacules n’ont pas fini de faire parler d’eux.
Tous les épisodes du Projet Pieuvre sont à retrouver sur Instagram et sur Twitter.
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Traductaire et journaliste à ses heures, Jules met à profit sa curiosité insatiable pour d’éclectiques découvertes musicales. Ses humeurs se transmettent aux playlists qu’al crée au fil des jours.