Notre Houmous Musical hebdo : une playlist rien que pour accorder vos humeurs quotidiennes à six titres bien trempés !

Curtis Harding – « Face Your Fear »
Mood : virage à 180 degrés
Un vent sourd fait bruire les arbres derrière la voix de Curtis Harding, fier descendant d’Otis Redding, de Prince ou d’Al Green qui n’en finit pas de jalonner ses mélodies de miaulements croonés. Ici, ce marquis de la soul à la sauce XXIe siècle rend honneur à ses illustres aîné·es, exhortant ses ouailles à prendre de grandes décisions, et prouvant que son style musical est bien loin du crépuscule.
Foals – « What Went Down »
Mood : début d’orage
Foals signifie « poulains » en anglais. Un clin d’œil à l’une de nos rédacteur·rices en chef ? Laissons ici ces spéculations pour nous plonger dans un océan tout d’intenses progressions tourmenté, qui laissera l’oreille égarée s’échouer sur la plage de sable noir d’une île volcanique.
Darius – « Lost in the Moment » feat. Wayne Snow
Mood : montée de LSD
Tame Impala ne renierait pas ce morceau planant, où la réverbe se mêle à des mots presque susurrés. Une incitation psychédélique au lâcher-prise, qu’une présence humaine hulule en douceur. C’est la grande spécialité de Darius, épris de French touch et des paysages mentaux qu’elle s’attache à évoquer. Pari réussi.
Bree Runway – « What Do I Tell My Friends? »
Mood : claque salutaire
Harcelée sexuellement, Bree Runway déchaîne les synthés pour intimer à son agresseur de prendre ses distances. La liberté ? Elle la laisse s’infuser comme un leitmotiv au fil de morceaux puissamment émancipateurs, résolument ancrés dans une déferlante néo-R&B, féministe et antiraciste.
Bat For Lashes – « Horse And I »
Mood : échappée mystico-sauvage
Musicienne inspirée cherche cheval pour s’enfuir loin, très loin. Les percussions belliqueuses de cette déclaration d’amour aux grands espaces et à la nuit s’accordent à merveille avec l’esprit de Natasha Khan, dont les cils sont, à n’en plus douter, des chauves-souris. L’épique est là, hanté par le mélange crépitant d’un feu de bois, d’une scie musicale et d’un clavecin. En selle !
Benjamin Francis Leftwich – « Elephant »
Mood : il faut qu’on parle
Le folk contemporain ne manque pas de hérauts ; la voix de celui-ci est familière des amateur·rices de guitare acoustique et de textes mélancoliques. Cette piste déchirante devrait les combler. S’appuyant sur l’image de l’elephant in the room anglo-saxon, qui désigne un sujet inévitable et pourtant consciencieusement évité dans une discussion, Benjamin Francis Leftwich exorcise son deuil d’un être cher avec sincérité et dépouillement, comme à son accoutumée. Et il convainc.